Leguideinfo.net : À l’ambassade des États-Unis d’Amérique en République de Guinée, Madame Hann-Diénaba Keïta a partagé son expérience dans le domaine bancaire, la gestion de projets et l’entreprenariat. La Directrice Exécutive de la Fondation Jamila en répondant à la question d’un journaliste sur ce qui constitue un frein au commerce entre les africains, a expliqué. Bien que la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf) soit considérée comme le meilleur programme pour le commerce et qu’elle soit une aubaine pour l’Afrique, la circulation des marchandises en Afrique reste un défi. Madame Hann, trace la ligne entrepreneuriale pour que l’entrepreneur soit une solution durable.
« La vraie problématique c’est le changement de mentalités. Que les gens ne pensent pas que l’entrepreneuriat, c’est juste une solution au chômage pour ne pas être au chômage. Que l’entrepreneuriat soit réellement une activité qui permettent à l’entrepreneur de sortir de la pauvreté, de reprendre une solution sur le marché et de pouvoir se positionner à un niveau assez compétitif pour acquérir le marché qu’il recherche. Que ce soit le marché local, le marché sous-régional pour le marché international », souligne l’ancienne Directrice Général de l’APIP. Elle n’occulte pas les défis mais pense qu’ils sont surmontables avec les bonnes informations.
« Les défis qui s’imposent sont liés à la formation. Comment monter en compétences les entrepreneurs guinéens pour qu’ils puissent comprendre non seulement l’écosystème entrepreneurial guinéen. Comment est-ce qu’une entreprise peut-être bien gérée mais aussi l’accès au financement. L’accès au financement est majeur, mais au-delà du financement, il y a l’accès au marché, parce qu’on peut avoir une entreprise qui fonctionne très bien, on peut avoir le produit, si on n’arrive pas à écouler le produit, il y a un problème. Donc ce sont les éléments phares qui sont des défis aujourd’hui pour l’entrepreneuriat guinéen », estime la patronne de la fondation Djamila.
Malgré les difficultés, des opportunités existent et il faut les saisir, ajoute-t-elle. S’entourer de professionnels, être en réseautage et exploiter les marges de manœuvres.
« Les opportunités sont diverses aujourd’hui nous avons un marché qui est très ouvert. Il faut déjà penser. On est une population d’à peu près 14 millions de personnes. On est membre de la CEDEAO. Là on a à peu près 500 millions de personnes et ensuite aujourd’hui à la ZLECAf (Zone de Libre Échange Continentale Africaine) qui est ouverte à plus de 2 milliards de personnes qui sont disponibles comme étant des potentiels clients pour un entrepreneur. Donc je pense que les opportunités sont majeures. Il faut juste savoir quelle est la branche? Quelle est la filière à suivre? Quel est réellement le produit ou le service que vous voulez mettre sur le marché et vraiment aimer ce qu’on fait », conseille madame Hann.
Forte de ses 17 ans d’expérience dans le secteur bancaire, de 13 ans en gestion des projets, Diénaba Keita-Hann, est aujourd’hui à la tête de la fondation Jamila pour être plus concrète et soutenir les jeunes notamment les femmes dans leurs projets.
« Aujourd’hui, la Fondation Jamila accompagne les femmes entrepreneurs de Guinée, la jeunesse guinéenne aussi. Mais à 80% on est axé sur les femmes entrepreneurs. Pour nous c’est comment positionner ces femmes entrepreneurs pour devenir des championnes dans leurs domaines. Des champions dans le secteur agricole, dans le secteur TIC, dans le secteur des services, dans le secteur de la logistique, dans le secteur des transports et des BTP, comment amener cette femme guinéenne à devenir une femme entrepreneur qui gère une grande entreprise ? De la rue à la table, de la table à la boutique, de la boutique à la grande entreprise. Renforcer leur capacité, leur permettre d’avoir les compétences nécessaires qui sont liées au savoir-être au savoir-faire, avoir les connaissances sur l’élaboration de leur plan d’affaires. Le positionnement de leurs produits, l’accès au marché, mais au-delà de tout ça, travailler sur l’aspect sur d’appui psychosocial qui est au-delà de la santé mentale. Pour permettre aux gens de savoir qu’ils peuvent réussir en fait, de ne pas douter d’eux et d’avoir la confiance en soi », explique la Directrice Exécutive de la Fondation Jamila.
Les informations techniques, notamment les fonds silencieux.
« La plupart des fonds de garantie qui sont sur les marchés financiers que ce soit un Guinée ou au niveau de la sous-région ou dans le monde entier sont des fonds qui sont là pour dérisquer le marché financier, pour rendre le marché financier attractif. Donc du coup le client ne saura pas que ce fond existe dans une banque de la place mais l’État où les bailleurs mettent à disposition ces fonds-là pour encourager les établissements financiers à prêter plus, à réduire les coûts liés aux financement à réduire le taux d’intérêt qui sont liés au financement », informe l’ancienne banquière.
Le frein d’un réel marché intra-africain
« Comment est-ce qu’on va faire bouger les gens, par exemple, ça me prendra plus de temps de prendre un vol de la Guinée pour aller au Gabon que d’aller à Paris et de prendre un vol aller au Gabon. L’accessibilité aux différents pays, c’est un problème majeur aujourd’hui, c’est-à-dire la route même par la voie aérienne. Si aujourd’hui je décide de prendre mon produit de Conakry pour l’amener au Ghana, je passe par la Côte d’Ivoire. Il y a tous les goulots d’étranglement qui sont là au niveau des infrastructures routières, au niveau de la connexion des différents réseaux aériens aussi. Donc il faudrait qu’on travaille sur ça. Il faudrait que je puisse aller en Angola en moins d’une journée au lieu que j’aille encore à Paris pour prendre un vol pour aller en Angola donc ça me prend plus de temps. Et tant qu’on ne va pas résoudre ce problème-là, on sera encore dans des difficultés », regrette-t-elle.