Leguideinfo.net : la tradition et l’authenticité africaine se battent contre la modernité à tous les niveaux. Le métier de cordonnier souffre le martyr. Soit par complexe soit par simple plaisir, des citoyens africains préfèrent le matériel moderne c’est-à-dire sorti d’usine au détriment de celui fabriqué à la main. À Kankan, l’une des régions guinéennes les plus ancrée à la tradition ancestrale, grâce à l’amour pour le manding, le sentiment de rejet ne gagne pas le terrain pour le moment certes, mais la menace qui pèse sur le métier est bien réelle. D’abord, les jeunes ne se bousculent plus dans les ateliers de cordonnerie pour apprendre afin de transmettre l’héritage aux futures générations et c’est le mal qui gangrène cette vieille activité.
Si hier, on utilisait généralement le cuir, de nos jours, cette vieille activité est pratiquée de diverses manières. Certains transforment des pneus usés en des articles de valeurs. Le paradoxe est que le métier peine à nourrir son maître cordonnier, à cause de la concurrence avec la modernité.
Ibrahima Kouyaté a hérité la cordonnerie, nous l’avons rencontré à son atelier sise au quartier Korialén, il parle des ajustements introduits pour résister à la charge de la modernité.
« J’ai hérité de ce métier de mon père qui à son tour l’a hérité de son père. Comme disent les blancs, il n’y a pas un sous métier. Alors qu’on a commencé ce métier petit à petit et de nos jours, il y a eu des modifications dans ce métier. Parce qu’avant, nos grands-parents pratiquaient ce métier pour fabriquer des matériels tels les puisoirs, les chaussures, les cordes, les calébasses et autres…Mais aujourd’hui, c’est plus le cas. Il y a eu quelques mutations par rapport à la fabrication des matériels. Comme les machines, les voitures, vélos, motos ou autres, c’est-à-dire tout ce qui correspond à des machines pour le moment nous, on à la possibilité de fabriquer et ça marche. C’est pourquoi l’on a beaucoup plus d’avantage que nos grand-pères. Sinon avant on ne nous considérait pas, mais aujourd’hui nous sommes utiles pour la nation», se réjouit M. Kouyaté dans son atelier.
A ceux qui narguent les cordonniers, Ibrahima Kouyaté dit vivre dignement de son métier avec sa petite famille et se sent bien dans ce qu’il fait. Notre interlocuteur magnifie son métier et expose les avantages à son actif. Il soutient que ce métier apporte beaucoup à la population Guinéenne.
« Les objets que nous fabriquons à main sont utiles pour la population mais aussi nécessaires pour nous les fabricants. Ce métier est très important pour moi, parce que j’ai construit ma maison dans ce métier, je me suis marié et fait des enfants dans ce métier », raconte le cordonnier qui affiche une vie heureuse.
De son côté, Moussa Condé, un autre passionné de la cordonnerie, et qui milite pour la préservation du métier, invite les jeunes à se mettre à la tâche. Car selon lui, ce maître est rentable. Et la formation ne prend, ne coûte pas cher aussi chez les autres métiers.
« Ce que moi je peux dire aux jeunes, travaillons parce que c’est seulement le travail qui paie. Par exemple, j’ai beaucoup gagné dans ce métier là, parce que j’ai construit ma propre maison, j’ai acheté une voiture, moto et je me suis marié aussi et fait des enfants. Alors si vous êtes assis, levez-vous et travaillons, évitez de vous asseoir dans les bars-café pour raconter tout et rien et ne vous dites pas que, moi je suis diplômé il faut que l’État m’embauche, s’il vous plaît l’État ne peut pas embaucher tout le monde à la fois. Alors levons-nous, et trouvons nous un boulot à faire», conseille Moussa Condé aux jeunes qui hésitent encore à se lancer dans le métier.
Dans les marchés, les articles issus de ces ateliers traditions sont visibles et la garantie plaide souvent en leur faveur. Le design, le système de marketing, et la politique de promotion des métiers artisanaux font que la cordonnerie peine à s’imposer sur les articles du même genre importés de l’autre bout du monde.
De Kankan, Fanta Kourouma La Diva pour leguideinfo.net.