Leguide.info : Ce que j’ai vécu ces dernières semaines en tant que guinéen et de surcroît dans mon pays que certains qualifient de paradis m’écœure. Quelle ignominie ? Quelle honte ? Quelle tartuferie ? C’est comme si la Guinée était sur une autre planète, pas sur celle de la terre.
Ce système me dégoûte, cette façon de faire n’est pas digne d’un bon guinéen, de quelqu’un qui agit dans le sens de tirer ce pays vers le haut, ou d’une autorité de quelque niveau que ça soit. Pour des intérêts égoïstes et mesquins on n’a pas été capable d’élire le comité exécutif de la fédération guinéenne de football en novembre dernier.
Depuis dix ans, sinon plus, ce sport roi végète au pays de Chérif Souleymane, unique ballon africain de la Guinée (1972), de Petit Sory, Papa Camara, N’Zoléa Keita, de Maxim et tant d’autres. Et après on est surpris des contre performances des différentes catégories de nos équipes nationales et de nos clubs, alors qu’il n’y a rien de surprenant, l’à peu prêt, les approximations, l’amateurisme ne marchent pas. Le sport, par ricochet le football est une industrie de nos jours, il n’y a qu’à regarder les résultats des pays même africains qui se sont donné les moyens et les ressources. Le Sénégal tout prêt en ai une parfaite illustration, les lions rugissent dans toutes les compétitions continentales, voir même du monde, ils enfilent les trophées.
Au même moment chez moi en Guinée, chacun se tape la poitrine pour dire si ce n’est pas moi, c’est personne d’autres, malgré tous les risques que cela comporte, notamment en termes de sanctions des instances dirigeantes du football africain et mondial. Comme si cela ne suffisait pas, nos dirigeants, ceux-là mêmes qui nous avaient promis monts et merveilles, eux qui nous avaient promis de gérer autrement la Guinée, de faire l’amour à la Guinée après tout ce qu’elle a subi depuis des décennies ou de ce qu’elle continue de subir, un peu plus de deux ans après leur arrivée au pouvoir, voilà cette même Guinée mise à rude épreuve par ceux-là même que des guinéens avaient acclamés, applaudis le 05 septembre 2021 après la chute du régime Condé.
Ne parlons pas du retour à gallot de l’amateurisme de nos cadres, du népotisme, du clientélisme, des copains et des coquins, des détournements des deniers publics, de l’insécurité galopante, de la banalisation de la vie humaine, des licenciements abusifs, de la radiation des agents des forces de défense et de sécurité de limogeage de Ministres alors qu’ils bénéficient de la présomption d’innocence. Combien de guinéens ont perdu la vie depuis l’arrivée du CNRD pour une raison ou pour une autre 37 ? Qu’a t’on fait des promesses du 05 septembre et les jours qui ont suivis ? Et les larmes versées au cimetière de Bambéto où reposent plus de 250 victimes du défunt régime ?
C’était de la comédie, ou juste une façon de narguer ceux qui ont perdu et qui continuent de perdre les leurs dans les quartiers de Hamdanlaye, Gnâri Wada, Koloma, Cosa, Wanindara, Sonfonia, Bailobaya etc… Quand est-ce-que ce cycle va s’arrêter, mais cette fois-ci pour de bon ? Il suffit qu’une partie de population sorte pour réclamer ses droits, très vite elle est réprimée dans le sang par des FDS à la gâchette facile, pourtant habillées et nourris par l’argent du contribuable guinéen. Elles tirent sur des ados sans défense, qui souvent n’ont d’ailleurs rien à voir avec les manifestations. Même ceux qui manifestent ne réclament que leurs droits.
Ah j’oubliais le guinéen est en train de perdre petit à petit ses droits, parce que j’ai appris qu’avoir internet n’est pas un droit, au 21ème siècle s’il vous plaît. Au moment où les autres pays font une course effrénée vers les techniques de l’information et de la communication, on prive le guinéen des réseaux sociaux et on dit gaillardement et à qui veut l’entendre que l’internet n’est pas un droit. Peut-on savoir combien de personnes vivent aujourd’hui les retombées de ces réseaux sociaux, en tout cas pour ceux qui savent en faire un bon usage.
Aujourd’hui ce que les guinéens ont besoin chers dirigeants, c’est d’un emploi descend, c’est le partage des richesses, c’est vivre en sécurité avec le minimum de confort, c’est sortir de cette crise que le pays traverse depuis des années et parce qu’on ne peut nier l’évidence, il y’a des guinéens qui souffrent, qui n’ont même pas quelque chose à se mettre sous la dent dans ce paradis Messieurs.
Si vous voulez vendre l’image de marque de la Guinée changez juste de paradigme. Vous pensez qu’un investisseur va placer ses capitaux dans un pays où des chars de combat et des pick-up avec des fusils 12-7 circulent nuit et jour dans la capitale, où il peut croiser des militaires dans la rue avec des PM-AK en bandoulière alors que le pays n’est pas en guerre ? Non, il ne le fera pas, parce que comme le dit l’autre, « l’argent n’aime pas le bruit ».
Idrissa Diallo, journaliste