Leguideinfo.net : un incident s’est produit à la Cour des Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), le 20 octobre dernier. Le juge Francis Kova Zoumanigui est accusé d’avoir agressé le journaliste d’Investigation Bakary Gamalo BAMBA. Une dérive de trop le SPPG, le bureau national du syndicat réagit de manière ferme face à cette violence. Il y’a trois jours Sékou Jamal Pendessa regrettait encore le traitement réservé à certains journalistes en Guinée. Il rappelle le cas d’un journaliste suspendu parce qu’un membre du CNRD a intimidé son patron. « Vous voulez qu’on vous ferme vous aussi ? », avait dit le commis de l’État au promoteur du média en question.
Suivons plutôt la déclaration caustique sur l’agression de BAMBA.
DÉCLARATION DU SYNDICAT DES PROFESSIONNELS DE LA PRESSE DE DE GUINÉE (SPPG)
Le bureau national du SPPG condamne fermement l’agression du journaliste d’investigation Bakary Gamalo BAMBA par le président de la CRIEF (cour de répression des infractions économiques et financières), Francis Kova Zoumanigui.
Ce magistrat qui poursuit notre confrère pour atteinte à la vie privée à cause d’un enregistrement jugé illégal est accusé par Bamba de l’avoir agressé lui-même avant de faire appel à sa garde qui l’a elle aussi violenté, séquestré et conduit en garde à vue en toute illégalité. Les faits se sont produits le 20 octobre courant au domicile du Président de la CRIEF où il a reçu le journaliste d’investigation en quête d’information sur des sujets d’intérêt public.
Depuis donc ce 20 octobre noir aux environs de 20h, le journaliste qui enquêtait sur un dossier est privé de sa liberté au mépris de la L02 (loi sur la liberté de la presse) qui le protège contre la prison à partir du moment où il était dans l’exercice de son métier.
En détention arbitraire à la maison centrale de Coronthie, son procès s’est ouvert le 22 octobre dernier et se poursuit ce mardi 29 au tribunal de première instance de Kaloum.
Comme le font souvent les journalistes d’investigation qui procèdent parfois à des enregistrements discrets avec l’usage de caméras cachées notamment, Bamba a déclaré à la barre qu’il avait fait cette prise de sons pour des besoins de données fiables et de décryptage de termes juridiques. Mieux encore, qu’il n’allait pas publier l’enregistrement et même s’il le publiait, qu’il n’allait pas citer l’auteur des propos recueillis puisque ce professionnel expérimenté sait évidemment que le journaliste a l’obligation de protéger ses sources d’information.
En tout état de cause, rien ne saurait justifier cette démarche à la fois violente, illégale et dénuée de toute pédagogie de la part d’un magistrat qui connaît la procédure normale à suivre en pareilles circonstances.
Quelle image le Président de la CRIEF veut-il renvoyer aux justiciables pendant qu’il est censé leur apprendre que nul ne doit se rendre justice?
Au regard de toutes les violations constatées dans cette affaire et des soupçons de connivence corporative contre notre confrère, le SPPG apporte son soutien à BAMBA, victime d’abus de la part d’un magistrat qui semble utiliser ses relations au sein de l’appareil judiciaire pour cuisiner ce journaliste de 68 ans.
Le SPPG invite Bakary Gamalo Bamba à porter plainte contre le président de la CRIEF pour agression et abus d’autorité.
Conakry, le 29 octobre 2024
Le Bureau National