Leguideinfo.net : selon le juriste Mamoudou Diakité, la République de Guinée est confrontée à un problème plus inquiétant que la corruption. C’est l’incompétence des cadres de l’administration. Il dit avoir découvert cette situation après son intégration dans une structure parapublique. Pour le juriste, la corruption pèse lourd dans l’économie nationale mais peu de personnes tirent bénéfice de cette arnaque. Il a été étonné de découvrir que plus de 60 % des fonctionnaires guinéens sont inutilisables de par leur incompétence. Pourtant, dit-il, la médiocrité est pire que tous les autres maux qui gangrènent l’économie guinéenne.
« Pendant mes études pour postes-universitaires, j’ai écrit un livre sur la corruption, mais après que j’ai intégré une structure parapublique, j’ai compris comment fonctionne le public, j’ai compris tout de suite que le problème de notre pays d’abord c’est un problème de compétences des ressources humaines. Honnêtement les ressources humaines ça ne court pas les rues. Faut pas qu’on se mente, il y a des incompétents mais franchement l’administration quand tu veux faire un examen sérieux. L’administration civile au moins 60 à 70% ne sont pas inutilisable, c’est ça la vérité », révèle le juriste Mamoudou Diakité.
Il appuie sa révélation des constats sur le terrain à travers les départements ministériels guinéens. « Si vous rentrez dans un département, vous verrez que dans tous les départements il y a peut-être trois à quatre personnes qui font tout le boulot. Le reste ils viennent du montés et descendent. Ils passent la journée dans les bureaux à discuter et rentrent à la maison soit parce qu’on ne les donnent pas soit parce qu’ils ne peuvent pas. Donc on a on a eu un sérieux problème de ressources depuis l’indépendance après l’indépendance. On n’avait pas de cadres. Il a fallu que les frères viennent de l’Afrique partout pour venir aider la Guinée à faire en fonction de l’administration. Quand on accédait à l’indépendance, la Guinée n’avait qu’un seul juriste. Un certain SOW. Il était le seul à avoir une licence en droit en Guinée. On était obligé de transformer les greffiers,les secrétaires de tribunaux coloniaux pour les transformer en magistrats. Quelle est la qualité de jugement qu’on peut attendre de ces genres de tribunaux ? Malgré toutes les bonnes fois ? Si tu ne connais pas, tu ne connais pas », s’interroge M. Diakité.
Pourtant, prévient-il, faire la promotion de la médiocrité est dangereux pour une république. Il déconseille d’ailleurs de couvrir un incompétent et encourage par ailleurs la formation. « Un incompétent est plus dangereux que tout. Et ne soyez pas ami avec la médiocrité que cela soit dit en passant. Donc c’est un problème qui n’a pas été résolu définitivement. C’est vrai. Il y a eu des efforts pour les scolarisés et le premier régime pour faire les études dans notre pays est revenu. Mais il y a eu des craintes par rapport à tout ce qui venait avec beaucoup de compétences et beaucoup d’admission. Ils étaient parfois appelés comme des potentiels rivaux donc certains par méfiance restaient là-bas ou d’autres par méfiance partaient ou alors certains étaient complètement éliminés physiquement » raconte-il.
« Donc et c’est un problème qui ne sait pas résolu avec le second régime qui a d’ailleurs cassé le système éducatif avec l’éducation pour tous, c’était une politique de faire passer des gens à outrance. On a connu ça à part les classes d’examens tout le monde passe en classe supérieur. Même si tu as passé l’année à chômé à la maison, tu passes quand-même. Donc est quelle est la qualité académique qu’on peut attendre des gens qui sont issue d’un système aussi déliquescent ? Donc on a un seul problème de ressources et le meilleur allié d’une personne c’est sa formation on peut vous triché et on peut vous stigmatiser parce que vous savez vous restera fidèle.et le jour on a besoin de quelqu’un de capable, si vous êtes capable de vous faire appel. Honnêtement, si vous apprenez correctement ce que vous faites, peu importe ce que ça, même si c’est une séance rare, méconnue faite correctement, soyez le meilleur, au fait, parmi les meilleurs, vous allez tirer profit », conseille le jeune juriste.
Il ne nie pas l’existence de la corruption, mieux il dénonce la pratique, mais il trouve judicieux de s’attaquer à la performance des fonctionnaires. M. Diakité est sûr qu’avec une administration opérationnelle, le pays aura résolu un de ses problèmes les plus embêtants.
« Notre pays manque totalement de ressources publiques. L’administration publique, si nos travaux ne réussissent pas, il y a la corruption hein mais d’abord ceux doivent le faire ne savent pas le faire. C’est une administration privatisée. C’est-à-dire quand on doit faire un TDR on prend un cabinet pour le faire, quand on luifaire une étude, un rapport, un prend un cabinet on paye des milliards. Il y a des fonctionnaires qui sont là. On se demande pourquoi ils sont là, eux ils sont là, on prend des cabinets pour faire nos travaux. Donc si vous fréquentez ces milieux et là, vous vous rendez compte tout de suite on a encore du chemin à faire pour former des cadres pour faire fonctionner l’administration. C’est pourquoi les entreprises fonctionnent mieux que l’administration. Ce n’est pas parce que il y a la corruption que tout le monde vole, non ! Ils ne sont pas nombreux, ceux qui gagnent dans la corruption. C’est ceux qui peuvent prendre des décisions et signer les chèques qui sont capables de se remplir les poches. Le reste, soit ils désapprennent à force de ne rien faire à monter à descente soit le niveau de base n’était pas solide. Vous discutez avec quelqu’un qui est dans l’administration depuis 10 ans, 20 ans dans un secteur, franchement ça reste à désirer », déplore Mamoudou Diakité.
En Guinée, il n’est pas rare de trouver des agents non postés qui perçoivent de salaire. Une fonctionnaire rencontrée à Kaloum, soutient cette thèse. La jeune dame raconte qu’elle a intégré la fonction publique par le canal d’une ministre sous le régime d’Alpha Condé. « La dame nous a beaucoup aidé. Même la bonne de sa mère qui ne sait pas écrire est fonctionnaire, elle perçoit son salaire mais elle ne travaille pas. Quand il y a une inspection, on la couvre », avoue la dame. À ses côtés, un autre témoigne qu’en haute Guinée, des élèves ont été enrôlés dans la fonction publique parce que leurs parents occupent des hautes fonctions.
Mamoudou Boulléré Diallo