Leguideinfo.net : c’est le début d’une série de publications des émissions (spaces) à caractère social sur le réseau social X ex-twitter. Les spaces de Mariam Tendou Kamara sont désormais à retrouver ici sur leguideinfo.net. Le 25 août dernier, elle s’est intéressée à l’épineuse question d’inondations à Conakry. Les statistiques de l’Espace de Mariam Tendou montrent que 2337 personnes l’ont suivi ce jour-là. Il a duré près de trois heures et a pu réunir plusieurs anciens ministres et autres experts pour la circonstance. Une masse critique mais aussi des forces de propositions. Un espace d’expression très sollicité surtout depuis la fermeture des grands médias indépendants en Guinée.
https://x.com/MariamTendou/status/1827789379810504813
Mme Malado Kaba, M. Moustapha Mamy Diaby, Pr Alpha Amadou Bano Barry, Hadja Makalé Camara ou encore M. Abdoulaye Yéro Baldé, tous anciens Ministres du défunt régime d’Alpha Condé ont participé à ce débat sur les inondations à Conakry. À leurs côtés d’autres experts et ou observateurs de l’actualité guinéenne notamment des activistes de la société civile.
La présidente du parti FAN, s’interroge sur l’implication des spécialistes dans la gestion des eaux en Guinée. Pour elle, la décentralisation c’est rapprocher les gouvernants des gouvernés.
« C’est justement pour corriger à la base les problèmes qui existent dans les communautés. Mais je dis en Guinée que les gens prennent les places pour rançonner les pauvres populations. Quand il s’agit de verbaliser dans les marchés et autres, ils se battent pour avoir les communes les plus juteuses, mais quand il s’agit de faire le travail de rapprochement,personne n’est là à notre service. C’est de la responsabilité de l’État de corriger tout de suite ce qui se passe avec les populations, de les aider solidairement et de les assister. C’est aussi notre devoir en tant que citoyens d’être solidaire à tout cela et de venir aider nos compatriotes. Mais la question d’eau, je me dis qui sont nos ingénieurs qui ont étudié l’hydraulique, toute l’eau qui se déverse dans ce pays, nous sommes incapables de la retenir… Je n’arrive pas à comprendre que depuis 60 ans nous n’arrivons pas à maîtriser l’eau dans ce pays », s’étonne la présidente de la Guinéenne en Politique, l’ancienne ministre Makalé Camara, déclare que la Guinée n’a pas besoin de creuser des forages. Pour elle, l’eau que Dieu donne à la Guinée est énorme et ne se trouve nulle part ailleurs, estimant que l’implication des femmes pourrait aider à solutionner le problème.
La militante guinéenne pour le climat a été aussi parmi les débatteurs. Oumou Diallo a posé un diagnostic sérieux du problème des inondations et du respect de l’environnement.
« C’est très dommage, c’est très désolant que nous subissions chaque année la même chose. La nature est tellement généreuse qu’elle rend toujours ce qu’on lui donne. Aujourd’hui, les effets du changement climatique s’accentuent de plus en plus chez nous. Ces inondations étaient prévisibles au vu de la chaleur qu’on a ressentie ces derniers mois. Plus la surface de la terre se réchauffe, plus nous assistons à une évaporation accrue qui augmente la quantité de la vapeur d’eau dans l’atmosphère. Et quand les conditions sont réunies, forcément il y aura des pluies torrentielles. L’urbanisation rapide et surtout anarchique est un réel problème. Il a n’y a presque pas de contrôle ! Aujourd’hui beaucoup de berges sont occupées et remblayées. Il suffit juste d’avoir de l’argent, et quand on est riche, presque tout est permis et ça c’est très grave », fait remarquée la jeune défenseure de l’environnement Oumou Diallo, par ailleurs Co-fondatrice de l’ONG Agir Contre le Réchauffement Climatique (ACOREC).
Oumou Diallo veut qu’on sente la présence de l’État à tous les nouveaux pour assainir nos villes. Elle dit qu’on fait face à la crise du siècle, qui est le changement climatique. Pour elle, la déforestation est l’une des causes des problèmes à côté il y’a des infrastructures inadéquates qui ne répondent pas au besoin du moment dit-elle.
L’ancien ministre Moustapha Mamy Diaby insiste sur la responsabilité partagée. Il souhaite qu’on ait autant des propositions de solutions que des critiques sinon plus de recommandations.
« L’État part du pouvoir central jusqu’au quartier. Il y’a plus de 6000 quartiers en Guinée. Des dizaines de milliers de chefs de secteurs dans ce pays. Il faudrait bien entendu qu’on dise que le rôle de l’État c’est d’agir en faveur du bien-être de la population. Nous les citoyens nous devons contribuer à moraliser cette action. Parce que quand l’État sait qu’il a en face de lui des citoyens qui agissent de façon responsable, des citoyens capables de l’interpeller sur ce qui est bien comme ce qui est mal, je ne dis pas forcément que cela peut contraindre l’État à se parfaire, mais ça peut contribuer à avoir une bonne gouvernance dans la cité. Nous sommes témoins passifs, le silence devant le crime a ses implications de responsabilité dans le crime commis», conseille le ministre Moustapha Mamy Diaby qui déconseille par la même occasion d’être adepte des actions gratuites.
L’ancien Ministre de l’éducation nationale sous Alpha Condé, arbore sa casquette de sociologue pour toucher le système. Pr Alpha Amadou Banno Barry, ne se souvient pas d’un débat sur les ordures pendant qu’il est resté ministre, c’est-à-dire une année, deux mois et quatre jours. Il pense aussi que les cadres pouvaient mieux faire en servant la cause publique au lieu de penser qu’à leurs intérêts personnels.
« Le problème des inondations à Conakry est simple. Il est lié au fait que les voies d’eaux permettant d’évacuer l’eau ont été bloquées. Et c’est les mêmes quartiers, ça n’a pas changé. Depuis 1981 je vis à Conakry. Réglons notre problème indépendamment du phénomène mondial. Ça veut dire que c’est de regarder là où chaque année il y a des inondations pour faire en sorte que l’on libère la route de l’eau pour qu’elle puisse aller à la mer. Le deuxième problème c’est l’assainissement, il ya au moins cinq études réalisées sur la gestion des déchets à Conakry. Le problème c’est la mise en œuvre de ces politiques. L’administration guinéenne fonctionne indépendamment des Ministres qui passent. Chaque ministère en Guinée est une chasse gardée des fonctionnaires de ce ministère. Ils pensent pour eux-mêmes pas pour quelqu’un autre », regrette Pr Alpha Amadou Bano Barry.
À Madame Malado Kaba de reprendre la balle au rebond pour dire qu’elle est en phase. À la différence, elle soutient que la question des inondations s’est posée pendant qu’elle était ministre. « Aujourd’hui tout ce que nous vivons dans notre pays questionne profondément la capacité du secteur public à se réformer. C’est de ça dont il s’agit aujourd’hui. Donc ça veut dire quelle administration publique ? Quel fonctionnaire ? Sommes-nous là pour servir ? Ou sommes-nous là pour nous servir ? », s’interroge, l’ancienne Ministre de l’Économie et des Finances.
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Zénab Nabé, Militante pour les Droits Humains et les droits des femmes au sein du Conseil d’administration de l’ONG WAFRICA-GUINÉE, indique que l’inondation n’est propre qu’à la Guinée. Elle a pris l’exemple du Canada où des infrastructures qui sont supposées aptes n’ont pas pu empêcher des inondations le 9 août dernier. Depuis le Sénégal, l’environnementaliste Khady Camara tente de voir la question de manière générale.
« C’est vrai que le phénomène des inondations est vécu aujourd’hui d’une manière simultanée un peu partout en Afrique, que ça soit au Tchad, au Niger, au Mali, en Guinée, au Sénégal, c’est le même phénomène qu’on est entrain de vivre et c’est vraiment une situation très déplorable pour les victimes de ces inondations. Moi, en tant qu’environnementaliste, je dirais que ces phénomènes d’inondations ne me surprennent guère. Parce que tout simplement, tous les rapports sont unanimes là-dessus. Depuis 2015 avec la COP21 à Paris, les experts nous avaient alertés. Ils nous avaient prévenus comme quoi si on agir pas on va vivre le phénomène des catastrophes extrêmes. Si l’inaction climatique persiste, si on ne fait rien, ce sera de catastrophes comme ça en cascades que nous allons vivre simultanément chaque année davantage. Le rapport de l’ONU 2021 a été claire d’ici à 2030 si on ne fait rien, si on n’agit pas, 118 millions d’africains seront confrontés à l’extrême pauvreté, l’extrême famine mais aussi la mort de plusieurs milliers d’africains à cause de phénomène catastrophe extrême comme par exemple, les inondations que nous sommes en train de subir simultanément un peu partout en Afrique », alerte celle qui porte l’initiative de la marche des femmes pour la justice climatique.
Avant ce débat, elle a organisé plusieurs autres dont le plus récent a été axé sur l’enlèvement des activistes de la société civile guinéenne (Oumar Sylla dit Foniké Mangué et Mamadou Billo Bah), tous responsables du FNDC.
Mamoudou Boulléré Diallo
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