Leguide.info: Au moins une trentaine des ressortissants guinéens croupissent dans les différentes geôles égyptiennes, selon plusieurs témoignages devenus viraux sur les réseaux sociaux. Des déclarations confirmées par le président du Conseil des Guinéens vivants en Egypte, contacté par un reporter de notre rédaction. Cette situation inquiète la communauté guinéenne dans ce pays d’Afrique du nord-est. Dans le cadre de la lutte contre le désordre informationnel en Guinée, nous avons décidé de comprendre les causes de cette chasse à l’homme.
Selon les informations que nous avons recueillies, les Guinéens qui sont en prison sont en majorité des jeunes femmes. « La liste s’allonge tous les jours. Je ne peux pas donner de noms, ma préoccupation à ce niveau, c’est la préservation de la dignité des individus en conflit avec la loi. Ils ne souhaitent pas forcément que leurs identités soient divulguées. Ils sont soit des Guinéens ou en tout cas détenteurs du passeport guinéen. Ils sont arrêtés pour défaut de titre de séjour », a indiqué Abdallah Sow, le président du Conseil des Guinéens vivants en Egypte.
Ibrahima Sory Keïta note une détérioration de la situation des Guinéens vivants en Egypte. « Ce qui se passe actuellement en Egypte est grave. Souvent, ils arrêtent des Guinéens. Mais cette année, c’est pire. Avant, ils pouvaient arrêter des gens dans les métros ou dans les places publiques. Mais en ce moment, ils rentrent dans les quartiers pour arrêter les gens. Il nous arrête à cause du titre de séjour, mais la mesure ne concerne pas seulement les Guinéens. Imagine, ils ont fixé le prix de séjour à 1000 dollars pour six mois. En un mot, ils ne veulent plus nous voir dans le pays. On nous prend banalement pour nous mettre en prison, parce qu’on ne va pas payer 1000 dollars », témoigne-t-il.
Les responsables de la communauté guinéenne n’utilisent pas forcément les mêmes mots à l’égard des autorités diplomatiques. Il reconnaît les difficultés à peine. M. Sow nous dit néanmoins que les arrestations sont très fréquentes et inquiétantes.
Pour Abdallah Sow, les autorités diplomatiques guinéennes font de leurs mieux pour aider les compatriotes, qui ne peuvent pas avoir le titre de séjour, à quitter le pays mais aussi à faciliter les formalités de retour pour ceux qui sont en prison.
Le ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens établis à l’étranger a dépêché une mission d’évaluation de la situation de ses ressortissants en Guinée. Dans un communiqué datant du 13 février 2024 que nous avons consulté, il invite les Guinéens à se faire recenser à l’ambassade de Guinée en République Arabe d’Egypte, munis d’un passeport en cours de validité. A son tour, l’ambassade guinéenne a mis sur pied un comité de crise composé de quatre membres. « L’ambassade demande à tous les ressortissants guinéens qui gardent les passeports de nos compatriotes par précaution et d’autres, la restitution pure et simple de ce document de voyage aux ayants droits et sans conditions. En cas de refus, les intéressés s’exposent à des poursuites », menace la mission diplomatique guinéenne en Egypte.
Pour éviter que des Guinéens ne soient victimes d’arrestations, en allant se faire recenser, le Bureau exécutif du Conseil des Guinéens résidents en Egypte sillonne également dans les différentes prisons où sont détenus des étrangers pour identifier d’éventuels compatriotes. Les appels à la mobilisation se multiplient pour leur venir en aide avec «des vêtements d’hiver et de la nourriture« .
En outre, ils contribuent pour acheter des billets d’avion à ceux qui n’ont pas la possibilité de s’offrir ce privilège pour rentrer au pays.
Vous l’avez donc compris : la « traque » dont des Guinéens font l’objet en Egypte est due à leur statut de sans papier. Selon le président du Conseil des Guinéens vivants en Egypte, plus d’une trentaine de ressortissants guinéens croupissent dans les geôles égyptiennes.
Cet article a été rédigé par Mamoudou Boulléré Diallo dans le cadre du projet Implication des Médias Numériques dans la Prévention Active des Conflits et Tensions (IMPACT), sous la coordination de Thierno Ciré Diallo. Il a été approuvé par la rédaction de Leguide.info.