Leguide.info : Aladji Bhalèdjo fut une grande personnalité religieuse, qui a marqué les esprits à jamais pour sa contribution à œuvrer inlassablement pour le rayonnement l’expansion de l’islam à travers le pays. Il fut un éminent érudit, Thiérno Mahoudhô était la parfaite incarnation de la sagesse et du savoir islamique. De son vivant, il était une référence, non seulement pour sa communauté dans toute sa diversité et sa complexité, mais aussi pour les musulmans de la sous-région.
Alhadji Bhalèdjo a toujours défendu avec ferveur et dévouement les recommandations d’Allah et de son prophète Muhammad PSL. Son engagement et ses principes au service de l’islam et Dieu sont sans limite.
Lui-même fut un digne fils de Thiérno Mamadou Djan, qu’Allah soit entièrement satisfait de ses œuvres. Il était un homme béni de Dieu. Thiérno Mahoudhô était le fruit des invocations que son père implorait au Tout puissant Allah. En effet, ses vœux furent exaucés, cependant, Thiérno Mamadou Djan répondit très tôt au rappel de Dieu, alors que Thiérno Mahoudhô était encore très jeune. Son éducation fut entièrement prise en charge par sa mère (Taïratou) et le jeune frère de son père (Mamadou Lamarana). Une femme très ferme dans ses principes et un homme à caractère bien trempé firent sa pédagogie, avec un objectif commun, celui de sa réussite.
Il naquit en 1892 à Kanngnêka, dans l’actuelle sous-préfecture de Kamabi, préfecture de Koundara, dans une famille musulmane conservatrice. Il a très tôt été initié au maxime de l’islam qui s’est ancrée dans le cœur du jeune prodige. Dès son adolescence, Thiérno Mahoudhô se distingue par son esprit mature et son attachement aux valeurs morales et religieuses.
Thiérno Mahoudhô magnifie régulièrement un sentiment de reconnaissance à sa chère Maman pour sa piété. Sans doute, celle-ci demeurera toujours une source d’inspiration pour beaucoup de femmes pieuses de sa communauté. Mame Taïrou Diwô fut éminemment une épouse modèle, une femme chevronnée et achevée de foi. Elle a été pudique durant toute sa vie et nouée aux valeurs socioreligieuses qui fondent la femme au foyer conjugale. Sur ses cinq merveilleux enfants, l’un fut un repère dans le monde islamique. Thiérno Mahoudhô un des érudits dont l’humanité se souviendra pendant longtemps encore pour sa posture symbolique de véracité.
À 4 ans et demi déjà, il maîtrisait parfaitement le sourate Al-Fatiha, alors imitant son père aux heures de prières et connaissait aussi les 5 piliers de l’islam. Mame Taïrou Diwô témoigne que malgré son jeune âge, elle n’avait jamais douté des compétences de son enfant, surtout avec l’intérêt que celui-ci accordait à la spiritualité et à l’islam.
`D’ailleurs, ses ambitions d’étudier sont bien loin des attentes de sa maman. En effet, son parcours coranique assez itinérant justifie son désir ardent d’étudier. Étant né dans un milieu essentiellement animiste, ce qui a d’ailleurs été un grand obstacle pour lui au départ. Néanmoins, Mame Taïrou très optimiste voit cela comme un atout à saisir sur-le-champ. C’est pourquoi, elle décide d’emmener Thiérno Mahoudhô faire ses études chez son oncle, Thierno Alpha Colon. Ce dernier avait une école coranique avec plusieurs dizaines de disciples. C’est ainsi que Thiérno Alpha Colon, lui a initié à l’alphabet arabe. Cependant, le jeune prodige ne manquera pas de démontrer ses talents au sein de cette école coranique.
À peine 6 mois, son oncle ne tarissait pas d’éloges à son endroit. Très rapidement, il s’est fait remarquer par son esprit vif et sa mémoire d’éléphant. Il fut un disciple réputé pour sa compétitivité et sa volonté ardente de toujours aller de l’avant. Pour lui, chaque instant qui passe est précieux à ses yeux. Après les cours, Aladji’en profitait de son temps libre pour assimiler le prochain chapitre pendant que ses condisciples s’amusaient et faisaient des jeux de cache-cache ou chantaient les éloges des jeunes lutteurs traditionnels.
Aladji Bhalèdjo, malgré son bref séjour chez son oncle, il a pu atteindre la sourate Al-Burooj verset 85. Il revient ensuite à Kanngnêka. Puis il poursuivit l’aventure chez Thiérno Boukâriou à Mootorguil bien avant qu’il n’aille chez l’érudit Thiérno M’Boye Djimbalâbhé Colia au Fouta Djallon. C’est là qu’il fut couronné pour la première fois du titre Thiérno. Il a passé plusieurs années à étudier la charia et d’autres livres auprès de son maître. Ensuite, il reprend le chemin du retour dans son village natal.
Visiblement, sa passion pour la connaissance livresque évolue graduellement. Thierno Mahoudhô était pratiquement guidé par sa dévotion et son héroïsme, ainsi, quitter le pays pour améliorer sa connaissance dévient impératif. Il décide donc de poursuivre ses études au Sénégal, précisément au Fouta Toro dans la région de Matam. Cette région fut longtemps réputée par ses innombrables érudits coraniques. En effet, elle regorgeait à cette période des fervents défenseurs de l’islam les plus distingués en matière de la charia et le Qur’an. C’est dans ce cadre et pour la première fois, qu’Aladji’en atterrit chez le Khalife Thiérno Môdi Bôcar M’bokidjiawé auquel l’opinion reconnaît la piété.
Thiérno Mahoudhô a vécu avec son défunt maître Thiérno Môdi Bôcar un an et demi. C’est ce dernier même qu’il lui a donné le Wirde Tidjani. Après sa mort, Thiérno Mahoudhô, loin d’avoir l’idée d’abdiquer, poursuit la recherche du savoir. Il devient ainsi l’hôte de Thiérno Cheikh Ly Dounga Ouro Alpha. Mais après ces trois années fermes passées sur le sol aride du Fouta Toro, Aladji’en acquit un énorme savoir livresque. C’est ainsi que Thiérno Mahoudhô décide alors de rentrer définitivement au pays (Guinée Conakry) pour des raisons familiales.
À Kanngnêka, il érige sa première école coranique (DHUDHAL) où ses premiers disciples étaient d’abord les membres de sa famille, ses amis et d’autres enfants du village. Au bout de quelques années, ses enseignements et son école ont gagné de l’ampleur. Mais des villageois déboussolés voient cela sous un angle de menace. Pendant qu’ils étaient complètement submergés par une ambiance festive. Évidemment c’est la raison pour laquelle ils ne pourront tolérer un enseignement qui irait à l’encontre de leurs pratiques nébuleuses et malsaines. S’annonce alors une période suffisamment houleuse entre Thiérno Mahoudhô et ses adversaires. Soudain, l’environnement devient hostile, mais pour apaiser les tensions et vivre une relation saine avec le seigneur, comme l’avait fait le Prophète Mohammad PSL, qui avait quitté la Mecque pour Médine en 622, après avoir été persécuté par les mecquois, il réalise qu’il faut changer d’air et donc de quitter Kanngnêka.
Il le fit très discrètement accompagner de son meilleur ami Alhadji Ahmadou. Dans une nuit orageuse, au moment où les toits des cases gargouillent encore au ruissellement de la pluie, Thiérno Mahoudhô sort à Kanngnêka, direction Louguéréguèrè, actuel Daïbata en 1950. Ils y atterrissent et sont accueillis avec enthousiasme par Modi Amadou Tandary. Dès lors, ils vivaient tous épanouis et en harmonie.
Plus les années passèrent, Thiérno Mahoudhô réunissait distinctement le reste de sa famille sous ses ailes. Ils y vécurent tous ensemble jusqu’à la nuit du Lundi 04 Février 1999 à 20 heures précises. C’est ce jour que Thiérno Mahoudhô expira son dernier souffle. Le village entier fut plongé dans un silence profond et une émotion indescriptible par cette triste nouvelle. Il fut inhumé le lendemain dans la mosquée de Daïbata qu’il a lui-même fait construire grâce à la contribution des villageois.
Il est le portrait de celui que sa communauté appelait affectueusement « Aladji’en ». Il a marqué de son emprunt et d’une pierre blanche son existence par ses qualités qui ne se comptaient pas au bout des doigts d’une main. Il reste qu’à même, celui que la communauté Badiaroise ne cessera jamais de pleurer pour ses bienfaits et son impact positif dans la vie socio-religieuse.
Par Idrissa Diallo