Leguide.info: Sur le principe, il ne faut pas se leurrer ou verser dans la mauvaise foi. Le ministre n’a pas tort de rappeller que le travail des hommes de médias se doit d’être éminemment contributif à la construction d’une nation sereine et émergente.
C’est d’ailleurs cela le sacerdoce, le credo du 4 ème pouvoir : Donner la parole à ceux que l’on entend pas toujours, porter les sollicitudes des masses laborieuses, alerter les autorités sur les tares de leurs gestions pour en rectifier le tir. C’est une tour de garde, une sentinelle, une échauguette qui veille scrupuleusement sur l’action gouvernementale.
Avant qu’il soit analytique, son travail est d’abord et avant tout, descriptif. Il naît, vit et survit dans la narration. Ce n’est pas le creuset de la science fiction ou de l’imaginaire. Les journalistes n’inventent pas les faits, ils les narrent. Ils n’échaffaudent pas des théories, ils commentent la réalité. Si c’est pour cela qu’on veut nous amener à la boucler, c’est que le CNRD s’est fourvoyé. Il vient de tirer à terre, parcequ’un medias qu’on ne tente pas de brimer sous une gouvernance pareille, est un médias alimentaire, un médias inféodé, un médias d’état.
La presse privée, puisque c’est elle dans le viseur de la communication du ministre n’est pas une DCI BIS, ce n’est pas un démembrement du service de communication des autorités de la transition. Nous ne sommes le garçon de course de qui que soit, encore moins des partis politiques ou d’autres particuliers. Notre existence est au service du peuple, c’est lui qui définit notre ligne éditoriale. Si une partie d’elle est la cible de brimades. Nous le présenterons comme t-elle.
La peur de voir les médias fermés ne doit pas amener les journalistes à s’auto-censurer plus que ce que la déontologie exige. C’est elle notre domaine de définition, notre répérè orthonormé. La peur, c’est la junte qui doit l’avoir, puisqu’elle portera sur sa conscience un recul grave de la liberté d’expression, alors qu’elle avait promis de ne guère répéter les erreurs du passé.
Sinon des journalistes ont été agressés par des agents de l’état à Kankan et à Dubreka lors des opérations d’assainissement pour la simple raison qu’ils souhaitaient faire leur travail. Sous la junte, un journaliste a été convoqué dans un camp militaire plutôt qu’à la hac. C’est d’ailleurs la junte, qui nous doit des excuses pour nous avoir vendu du rêve.
Bref ! Aux confrères journalistes, sous le prisme de l’éthique, sachons raison garder. Un dicton Africain dit que quand quelqu’un veut te prendre ton vin de force, évite de le donner l’occasion de s’approcher de ton palmier. Allez savoir ce que ça veut dire.
Emmanuel LOUA, journaliste à Espace Tv